LE SHOW DU REFUGE
La passion selon Bigras
18-11-2008 | 16h00
C’est le seul show qui lui donne encore le trac. C’est le seul show qu’il mène de front depuis 18 ans et qu’il promet de poursuivre jusqu’à sa mort. Lequel? Le Show du Refuge.
Dan Bigras est encore maître d’oeuvre de la 18e édition de ce spectacle-bénéfice. Normalement, il n’éprouve aucun trac avant un spectacle. Rencontré dans un petit restaurant du quartier Centre-Sud, il avoue qu’avec Le Show du Refuge, c’est une toute autre histoire.
«Il me fatigue, celui-là… D’habitude, je fais juste chanter des tounes, alors je prends sur moi. Là, je suis le seul à connaître la totalité du show par coeur.»
PLÉIADE D’ARTISTES
Et le Show cette année s’annonce rempli, l’instigateur de l’événement ayant réussi à réunir une pléiade d’artistes québécois.
Les Dany Bédar, Nicola Ciccone, Richard Desjardins, Lulu Hughes, Florence K., Renée Martel, Kim Richardson prêteront leurs voix à la cause, aux côtés de nouvelles recrues telles que Natalie Choquette, Marie-Élaine Thibert et le rappeur Samian.
«J’aime ce qu’il fait, il a un vrai message à passer.» Bigras avoue d’ailleurs n’avoir aucune peur de mélanger les styles musicaux.
Les cordes classiques de l’Orchestre symphonique de l’école Joseph-François-Perreault se joindront donc également au spectacle éclectique pour sa 18e édition.
Les jeunes musiciens performeront toutefois sous le signe du rock, selon l’organisateur, contrairement aux habitudes de l’ensemble.
Ce n’est pas la première union du genre organisée par Le Show du Refuge.
En 2001, Dan Bigras avait réuni sur scène Michel Louvain et Éric Lapointe.
«Ça aurait pu avoir l’air d’un gag. Pourtant, ça a été l’un des moments les plus émouvants de la totalité des shows.»
«JUSQU’À MA MORT»
Le Show du Refuge est la plus importante source de financement du Refuge des Jeunes de Montréal, qui vient en aide aux jeunes hommes en difficulté et sans abri âgés de 17 à 24 ans.
Après 18 ans de support à cette cause, Dan Bigras est toujours animé par la même passion, inévitablement.
«Il y a des choses que tu ne veux pas voir et qui font que tu changes. Quand tu retrouves ton petit frère mort dans un fossé, tu n’as plus le choix après de faire quelque chose.»
Le chanteur devenu sauveur en 1991 compte donc continuer ses activités d’implication sociale, et ce, pour longtemps.
«Ça fait 18 ans et je vais continuer jusqu’à ma mort.»
La nécessité de s’impliquer
Qu’ils en soient à leur dixième ou à leur première participation au Show du Refuge, ils sont tous dévoués à la cause. Entrevue avec Lulu Hughes, Samian, Dany Bédar et Marie-Élaine Thibert.
Q. COMBIEN DE FOIS AVEZ-VOUS PARTICIPÉ AU SHOW DU REFUGE?
Lulu Hughes: Je ne m’en rappelle même pas! Cela doit faire une bonne dizaine de fois.
Samian: C’est la première fois que l’on m’invite.
Dany Bédar: J’ai déjà participé avec La Chicane.
Marie-Élaine Thibert: C’est la première fois et j’en suis pas mal fière! Dan me l’a souvent demandé, mais ça ne concordait jamais dans mon horaire.
Q. POURQUOI PARTICIPEZ-VOUS À CET ÉVÉNEMENT EN PARTICULIER?
Lulu Hughes: C’est important pour moi parce que je sais que j’ai reçu beaucoup dans ma vie, malgré mon enfance difficile. Avec le peu que j’avais, je m’arrangeais, mais je sais que ce n’est pas comme ça pour tout le monde. Je peux comprendre la solitude et la grosse déprime qui peuvent mener jusqu’à la rue. J’aurais pu finir comme ça.
Samian: Je suis très impliqué dans les causes liées à la jeunesse et aux Premières Nations… J’admire celle du Refuge et j’admire le travail de Dan. Faire un show à Montréal est d’autant plus significatif parce que la présence des sans-abri est une des réalités de la ville.
Dany Bédar: C’est juste le fun de jouer avec les boys, c’est un trip de gang qui nous permet de joindre l’utile à l’agréable. C’est un mauvais jeu de mots, mais c’est ça pareil, on peut aider les jeunes en plus d’avoir du fun.
Marie-Élaine Thibert: Tout ce qui concerne les jeunes me touche beaucoup. Je veux moi-même des enfants plus tard et je ne veux pas qu’ils manquent d’amour, qu’ils soient dans la rue, je veux qu’ils soient choyés.
Q. QUELLE EST L’IMPORTANCE DE L’IMPLICATION SOCIALE CHEZ UN ARTISTE?
Lulu Hughes: Je ne crois pas à la demi-mesure dans l’implication. C’est important d’échanger son énergie, mais il faut aussi savoir dire non pour se concentrer sur des causes précises auxquelles on peut se rattacher émotivement.
Samian: Je crois que c’est libre à chacun de s’impliquer, moi je le fais parce que ça me tente. Il faut se sentir touché personnellement, il faut s’identifier et être conscients de la cause que l’on appuie. Certains artistes le font à contre-coeur.
Dany Bédar: Je crois que c’est nécessaire de s’impliquer parce que c’est évident qu’un artiste a une voix qui porte davantage qu’une personne qui travaille de 9 à 5… C’est normal d’appuyer des causes pour que les organismes soient entendus.
Marie-Élaine Thibert: Sincèrement, l’implication n’est pas une obligation pour un artiste. Si tu veux juste chanter dans la vie, c’est ton choix. Mais étant donné qu’on est des personnalités publiques, c’est le fun de pouvoir faire un petit changement quelque part.
Le 18e Show du Refuge, le mercredi 19 novembre à 20 h, au Théâtre St-Denis.